Apparue en 1973, la féline Bagheera est une auto surdouée. Issue de la collaboration entre Simca et Matra, produite à (41) Romorantin, elle sera diffusée dans le réseau Simca de 1973 à 1980.
Cette propulsion à moteur central arrière est un coupé racé de 3m97, offrant trois places frontales. Ce concept original permet de gagner de l'espace vis-à-vis de la disposition typique 2+2 des véhicules de sa catégorie.
L'objectif pour Philippe Guédon, Ingénieur des Arts et Métiers et
père (entre autres) de la simca 1100, de la rancho, du V12 matra et du
Matra-Renault Espace...,
responsable de l'étude de la M550 (nom de code de la Bagheera),
étant à l'époque de pouvoir loger confortablement 3 adultes. En effet,
il remarque qu'au quotidien il est rare d'avoir 4 passagers à bord, et
privilégie 3 vraies places.
La carrosserie est entièrement réalisée en fibre de polyester,
rivetée sur un châssis acier autoportant. Sa répartition des masses (42
% avant / 58 % arrière) et son système de freinage avec 4 freins à
disque lui confèrent un comportement routier remarquable.
Pneumatiques
d'origine : Michelin XAS FF (Formule France), 155HR13 à l'avant, et
185HR13 à l'arrière. Outre l’adhérence que la largeur de ces derniers
procurent à l’auto, ils lui
permettent d’emprunter la transmission des 1308 GT sans aucune
modification, tout en assurant un développement plus important et donc
une vitesse de pointe plus élevée grâce à l’aérodynamisme de la
Bagheera.
La Bagheera fut présentée officiellement à la presse le 14 avril 1973.
Les premières livraisons ont lieu en juillet 1973, juste après la
victoire au Mans (face à Ferrari). Ces premiers modèles disposent du
moteur de la Simca 1100 TI.
La cylindrée n’est que de 1 294 cm3 (84
ch DIN à 6 000 tr/min). Cette motorisation lui permet d'atteindre les
180 km/h grâce à un coefficient de pénétration dans l’air hors du
commun.
Fin 1975, la Bagheera « S » emprunte le 1 442 cm3 de la Simca 1308 GT. Equipé par Matra de deux carburateurs double-corps, il développe 90 CV DIN
à 5.800 T/m et procure un surcroît d'agrément grâce à
son meilleur couple autorisant de meilleures reprises. La vitesse de
pointe s'établit à 190 Km/h. La Bagheera reste économe en carburant grâce
à son poids à
peine augmenté et à son aérodynamisme remarquable. C'est un excellent
argument en pleine crise pétrolière. La Bagheera a toujours jouit
d'une excellente réputation en matière de consommation, quelle que soit
l'utilisation, grâce à sa "courbe plate"...
Un deuxième rétroviseur de
type "obus" noir est monté côté droit.
1977-1980 : la série 2.
Pour le millésime 77, intervient un restylage du modèle
avec
quelques modifications au niveau du châssis.
Tous les éléments de carrosserie se voient modifiés, parfois imperceptiblement. Visuellement, ce sont les nouveaux boucliers avant et arrières, et la greffe assez réussie des feux de la 1308 GT à l'arrière de la Bagheera qui frappent le plus. La ligne est fluide mais l'aérodynamique se voit légèrement pénalisée, le Cx passant de 0,33 à 0,35, et le poids légèrement augmenté...
La "Courrèges"
Apparue lors du millésime 75, il s'agit d'une version exclusive trés tendance, en référence au grand couturier André Courrèges.
C'est un modèle de raffinement par sa finition
spécifique luxueuse. La couleur blanche - symbolique pour André Courrèges
- est omniprésente (la peinture est d'un blanc satiné spécifique) : on la
retrouve dans l'habitacle dont les sièges sont recouverts de simili. Le
tableau de bord est quant à lui recouvert de simili "gold", sans doute pour éviter des
reflets blancs dans le pare-brise, lesquels nuiraient à la visibilité, le volant
ainsi que les garnissages de portière sont du même ton.La cylindrée
est de 1294 cm² en 1975. En 1976, elle passe à 1442 cm³ au moment où
apparaît le modèle S.
En 1977, lors du restylage, la couleur du garnissage
intérieur est modifiée : le blanc fait place à la couleur "gold" déjà choisie
pour le tableau de bord. Hormis ce changement de ton, la présentation
intérieure ne change pas. Extérieurement, la teinte "blanc Courrèges" ne change pas et le
principe décoratif reste le même : les nouveaux pare-chocs enveloppants sont
peints dans le même ton, de même que les nouveaux rétroviseurs.
Tout en connaissant un succès tout particulièrement
auprès des dames éprises d'originalité, elle restera une version confidentielle
en raison de son exclusivité.
Ce modèle Courrèges restylé ne sera produit qu'au millésime 1977 à raison de 445 exemplaires. Il sera ensuite remplacé en haut de gamme par la Bagheera X...
Millésime 78: La Bagheera X fait son apparition.
Son style évoluera pendant
les trois années de sa production. La Bagheera X hérite de la
mécanique la
plus puissante (celle de la S) et se caractérise
essentiellement par son décor. A l'extérieur, des filets décoratifs
sont apposés le long de la ligne de caisse ainsi que sur les
pare-chocs. En 1978, les décors latéraux comprennent le nom "Bagheera"
inscrit sur les ailes arrière. En 1979, la décoration se limite aux
pare-chocs qui seront munis de butoirs en caoutchouc. Les teintes sont
exclusives : black metal et silver metal. Le garnissage intérieur est
particulièrement original et soigné. En 1978, c'est une harmonie de
velours uni et d'appliques en liège collées. En 1979, le liège est
abandonné et, comme les deux autres modèles de la gamme, les sièges
sont redessinés, de même que le tableau de bord (radio horizontale).
En 1980, elle évoluera encore sur le plan esthétique avant de tirer sa révérence : peinture bicolore (rouge et noir) ou métallisée, nouveau garnissage intérieur, clenches de portières façon Rancho.
En 1978 et 1979, la gamme comprend donc le modèle "normal", le modèle "S "et le modèle "X".
Les modèles de base de 1979-1980 seront équipés d'un simple carburateur double corps moins glouton, mais ramenant la puissance à 85 ch DIN à 5 600 tr/min.
Au total, 47 796 exemplaires seront commercialisés entre 1973 et 1980.
La
relève sera bientôt assurée par la « Talbot Matra Murena », dont le
chassis acier bénéficiera d’une galvanisation bien venue, mais dont je
trouve personnellement la coupe beaucoup plus biscornue et somme toute
assez « quelconque »...
Mais comme on dit, chacun ses goûts...