UN ENJEU PRESIDENTIEL "PEAU DE CHAGRIN"...
L’enjeu de la présidentielle n’a jamais été aussi limité. Car en effet, l’essentiel du pouvoir est malheureusement aujourd’hui dans les mains des commissaires de Bruxelles, et dans celles des dirigeants des multinationales, tant aujourd’hui le pouvoir politique se contente de regarder passer le train et de valider la mondialisation galopante.
Dans ce contexte, la bagarre présidentielle va se limiter à des querelles du niveau au mieux de nos législatives d’autrefois. Et les 35 heures, qui avaient animé les législatives de 1997, refont surface.
Bon, on sait que Le Pen, De Villiers et Sarko sont contre. On imagine que Bayrou ne changerait rien à la situation actuelle. On sait que la gauche extrême est pour un renforcement de la diminution du travail ainsi que d’ailleurs tout un tas de réformes invraisemblables dans le contexte économique mondialisé que nous subissons.
ET SEGOLENE ?...
Et Ségolène alors ?…Personnellement, je l’aime bien, Ségolène… Je lui trouve même une certaine allure mitterrandienne qui tranche favorablement par rapport à la dégaine « éboueur endimanché » de Chirac. Celui-ci n’aura eu de cesse, par sa piètre prestation à la tête de l’État, de rabaisser la fonction et le prestige présidentiel. Il aura été le fossoyeur de la 5ème République, aujourd’hui en charpie avec le quinquennat d’un côté, et les abandons de souverainetés de l’autre. D’un culot sans limite, il aimerait à se présenter comme le défenseur de la Constitution de 1958, en sa qualité de « fils spirituel » du Général… Décidément, celui-ci doit se retourner souvent dans sa tombe !
Mais revenons-en à la candidate - désormais officielle - du Parti Socialiste. Il faut bien reconnaître que sa vision de la réduction ou pas du temps de travail n’est pas claire… Il y a quelque mois, elle déclarait que les trente-cinq heures n’avaient pas été profitables pour les salariés français... En fait, elles ont surtout à mon sens été une très mauvaise chose pour les entreprises françaises (et donc pour notre économie en général), plongées malgré elles en pleine compétition mondiale, et ainsi grevées d’une hausse des coûts de revient brutale et unilatérale de 11%en moyenne.
L'INCONSCIENCE DES POLITIQUES...
Et bien, aujourd’hui, Ségolène déclare que les trente-cinq heures ont été un réel progrès !…
Comprenne qui pourra !!... Personnellement, je suis circonspect.
Je suis cadre dans une PME de transports routiers qui compte une cinquantaine de salariés. Pas de pointeuse, et les trente-cinq heures ne sont pas appliquées. Quand aux chauffeurs routiers, leur statut est spécifique. Ils font officiellement jusque 200 heures de conduite par moi, mais les heures d'attente et de travail "en statique" n'intègrent pas ce tableau... C'est un métier très dur. La tâche de nos chauffeurs a été rendue de plus en plus difficile car les amplitudes d'expéditions et de réception ont été réduite au fur et à mesure de l'entrée en application des 35 heures chez nos clients. Pour nous aussi dans le transport, il faut assurer le même service qu'au paravent, en moins de temps disponible, et avec une réglementation (et des contrôles) de plus en plus bornée et tatillonne! ...
Tout le monde a pourtant bien compris que notre économie française (et celle de nos voisins immédiats aussi) a bien du mal à supporter la compétition mondiale.
Au sein même de l'Europe élargie, le différentiel de coûts de revient est déjà insupportable entre la France ou l'Allemagne d'un côté, et un pays comme la Pologne par exemple : la charge moyenne est aujourd'hui de 214 euros par jour et par chauffeur pour une entreprise française, contre 60 euros et par chauffeur en Pologne !! ... En conséquence de quoi nous sommes 6 à 7 fois plus "cabotés" ( c'est à dire que les polonais viennent faire du transport à l'intérieur de notre territoire à notre place ) que "caboteurs" (quand nous en faisons de même à l'extérieur des frontières françaises) !! ... Alors qu'on pouvait espérer un élan à l'échelle de l'Europe en mouvement, le pavillon français est en voie de disparition, tout simplement.
Dans le secteur industriel, les délocalisations se multiplient. Dans le même temps, les déficits publics se creusent. Les acquis sont de plus en, plus menacés. L’Europe à désormais 27 est un leurre total qui ne nous apporte plus aucune protection. C’est une véritable passoire et la préférence communautaire chère à ses fondateurs a complètement disparue. Mieux, au sein même de l'Europe, la concurrence est complètement déséquilibrée.
Bien que n’étant pas socialiste, je m’apprêtais à voter pour Ségolène, peut-être dès le premier tour, afin de lui donner toutes ses chances et barrer la route à un opportunisme que je déteste…
Ceci étant, je ne pense pas pouvoir voter raisonnablement pour celle qui prône à la fois le renforcement de cette Europe de la haute finance, de l’immobilisme et de la libéralisation à outrance, et qui, dans le même temps, propose le maintien ou l'alourdissement de la charge sociale qui écrase déjà notre économie et condamne nos entreprises à la disparition…
Il ne faudra pas s'étonner, une fois de plus, du score du FN dans quelques mois...
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