Le Vaisseau Amiral de simca des années 70...
PRESENTATION
A l’époque de leur sortie en 1971, ces voitures sont simplement appelées "Chrysler".
Le terme "Simca" est omis. Sur les prospectus ne figure en grosses lettres que le mot "Chrysler", et il faut bien chercher pour trouver trace du mot "Simca".
Pourtant, il s’agit bien-là d’une Simca, conçue en France pour la mécanique, bien que dessinée chez Rootes, filiale du groupe en Angleterre. Le style est d’inspiration américaine et participe au charme du modèle.
Sur les premiers modèles, comme pour embrouiller les esprits, on peut lire d’ailleurs, au centre du volant l’inscription ‘’Société des Automobiles Simca’’. Et vraisemblablement, ce flou n'a pas dû faciliter la tâche des vendeurs pour expliquer à leur clientèle qu'elle achetait bien une Simca, donc une voiture française.
Le plus étonnant, c’est que tout au long de la vie de l’auto qui a été assez longue (10 ans), aucune politique d’évolution n’est venu épauler ses ventes, somme toute, moyennes.
Cette voiture n’a quasiment bénéficié d’aucune évolution sur ses moteurs, mais il est vrai qu’elle n’en avait pas besoin. Par contre, aucun effort n’a été fait pour améliorer l’indigence de son équipement, indigne d’un haut de gamme en cette fin des années 70. Là c'est vraiment dommage.
Alors que la Simca 1308, modèle de gamme inférieure, parade avec ses vitres teintées électriques, sa condamnation centralisée et même son voyant de frein à main. Cette négligence et cette absence de promotion donnent l'impression que cette voiture a été délibérément sacrifiée.
SECURITE PASSIVE …
La sécurité passive des Chrysler 160 et 180 avait fait
l’objet d’attentions particulières. Dès 1971, elles offrent un « habitacle
indéformable » (dit pompeusement la publicité…) et des zones de déformation programmées.
Aujourd’hui, cela semble banal. Mais à l’époque, le concept est novateur et rassurant pour les familles et les professionnels de la route. L’épaisseur des portières (18cm!) est inhabituelle et renforce l’impression de sécurité.
L’implantation mécanique classique (moteur longitudinal et pont arrière) aidant, l’espace dévolu aux passagers est en revanche plutôt mesuré. Malgré une taille extérieure respectable (4m53 de long, 1m73 de large), la Chrysler n’est pas beaucoup plus logeable que la Simca 1100, et semble nettement mois lumineuse et spacieuse que les 1307-1308, par exemple.
ANECDOTE PERSONNELLE
Octobre 1976. Amiens. 08h45...
Mon père est comme à son habitude « à la
bourre ». Après nous avoir déposés au
collège, mon frère et moi. il remonte tambour battant la rue Edmond Rostand en
direction du campus, où nous occupons un logement de fonction… Il y est «chef du
service intérieur »…
A cette époque, les radars sont encore rares et cet itinéraire de dégagement permet de rouler vite… La Chrysler 180 roule à près de 90 kilomètres à l’heure quand elle aborde l’intersection des rues Edmond Rostang, de Québec et J-Marc Laurent… Le feu est vert, mais soudain, un semi-remorque qui venait d’en face s’engage à gauche et lui coupe la route. L’accident est alors inévitable. Le freinage se réduit à un blocage de roues sur quelques mètres et c’est le choc frontal !
La Chrysler est broyée de l’avant. Pourtant récente,
elle sera jugée irréparable. Cependant,la porte du conducteur s’ouvre et se ferme encore
presque normalement.
Mon père, qui a mis sa ceinture mais un peu trop
distendue, s’en tire sans la moindre égratignure. Juste une bosse sur la tête,
son crâne ayant tapé d’après-lui quelque part vers le toit…
Cette Chrysler était belle, rouge brique métallisée avec un toit en vinyl noir. J’ai le souvenir d’un moteur puissant et rageur, qui faisait d’elle la meilleure tractrice que mes parents aient possédée. Sur l’autoroute des vacances, le stabilisateur "Tunesi" bien bridé, la Chrysler, blindée de bagages, nous quatre à son bord, emmenait notre caravane Digue « Rangers » de 4m60 et 1000 kgs à 120-130 km/heure sans sourciller. Et de temps à autre, les relances en troisième nous berçaient de la douce mélodie "en quatre cylindres majeurs" ! …
J’aimais cette voiture. Souvent le week-end, c’est moi qui la lavais, en utilisant pour cela une des lances à incendie du campus… Aussi, je me souviens avoir versé quelques larmes devant le sort injuste qui venait de lui être brutalement infligé…
LE LANCEMENT des Chrysler 160 et 180...
A la fin des années 60, le haut de gamme Simca est représentée par le couple 1301 1501. L’ambition de Simca est de proposer un modèle plus cossu, plus puissant et sûrement plus moderne.
De conception classique, les Chrysler 160 et 180 arborent un tout nouveau moteur moderne 4 cylindres en ligne à arbre à cames en tête. La concurrence française, elle, se débat à coups d’arbres à cames latéraux. C’est d’ailleurs le premier moteur chez Simca ayant cette architecture, et aussi le dernier. Ce moteur robuste et performant a été taillé pour la course. Le magazine "L'Automobile" écrivait même "moteur largement surdimensionné".
La 160 (9cv fiscaux) posséde un moteur 1639 cm3 de 80 cv Din pour
155 Km/h, et la 180 (10 cv fiscaux) un 1812 cm3 de 100 cv Din pour
171 Km/h. Donc des performances enviables pour l’époque.
L'éphémère 160 GT est dotée du moteur de 180,
mais équipée comme une 160.
Les Chrysler étaient
équipées de freins à disques à l’avant,
et même à l’arrière pour la 180, ce qui
n’était pas si fréquent au début des
années 70 : un freinage sécurisant et sans reproche
pour les deux modèles.
La transmission se fait aux roues arrières par
l’intermédiaire d’une boîte 4 vitesses (ou automatique
en option), d’un bon gros pont aussi robuste que rigide, le tout
suspendu par des ressorts (pas des lames quand même), donnant
un comportement débonnaire mais jamais vachard.
La Chrysler est assez sensible au vent latéral. L'adoption dès 1973 de roues de 14 pouces (au lieu de 13) améliorera sensiblement la stabilité. Avec un train avant de type Mc Pherson et d’une direction à crémaillère, la tenue de route se révèle saine, et affectée d'un rassurant sous virage à la décélération.
MILLESIME 73
Apparaît la Chrysler "2 litres automatique"...
Début 1973 la
firme lance un nouveau modèle 2
litres. Elle n'est livrable qu'en boîte automatique. Son moteur,
réalésé à 1981 cm3 développait la
coquette puissance de
110 CV DIN, lui conférant des performances (171 Km/h)
identiques à celles de la 180 à boîte
mécanique.
L’aspect de l’auto est modifié par
l’adoption de jantes de 14 pouces, équipées de
magnifiques enjoliveurs du plus pur style US. Le toit en vinyl de
série parachève le "look" américain.
Deux
projecteurs longue-portée encastrés dans la calandre
classent la 2 litres automatique dans les grandes routières ;
ce statut est confirmé par les performances, le confort et la
douceur de la boîte de vitesse automatique d’origine
américaine.
MILLESIME 77 : NOUVELLES APPELLATIONS
1609, 1610 et ... toujours la "2 litres automatique"...
Pour le millésime 77, les Chrysler
désormais construites en Espagne, changent de nom.
La 1609 remplace la 160, équipée d’un carburateur double corps (90 CV), mais elle n'est plus commercialisée en France.
La 1610 remplace la 180 qui hérite de
l’équipement et de la finition de la 2 litres, avec le toit vinyl de série et projecteurs longue portée. La 2 litres ne change pas de nom, mais l’intérieur de cette nouvelle série, tout en velours, est
vraiment de grande classe.
Le logo Simca apparaît sur la malle
arrière.
En revanche, c'est le "pentastar" Chrysler qui remplace les
logos "160", "180" ou "2L" de la calandre. Côté mécanique, adoption d’un allumage
électronique sans rupteur (avec capteur à effet Hall),
et sans entretien.
Le 10 août 1978 Chrysler vends sa filiale Simca au groupe PSA
(Peugeot Citroën) qui l'a renommée "Talbot Simca".
Talbot, qui était la propriété de Simca depuis une vingtaine d'années, représentait le luxe et les performances, mais probablement pas grand chose dans l'esprit de la clientèle. Il aurait été largement préférable que Peugeot conserve l'appellation "Simca", seule, comme il a fait pour Citroën.
Désormais, notre modèle s'appelle "Talbot Simca
2L/1610", mais les inscriptions "Chrysler" persistent sur le tableau
de bord, sur le macaron de custode, et même sur les
dépliants publicitaires de 1979, de même que le
pentastar (symbole de Chrysler) au centre de la calandre.
Sûrement, que cette voiture détient un record mondial :
celui des changements de noms !
Les millésimes 79 et 80 verront
apparaître un timide "restyling" des Chrysler :
Les baguettes latérales chromées deviennent
caoutchoutées et plus épaisses.
La calandre ne possède plus que 2 lignes chromées.
Les enjoliveurs de roue sont remplacés par des modèles
simplifiés.
La 1610 est enfin équipée du moteur 2 litres, elle ne
possédera pas pour autant le logo ‘’2L’’ de custode, et ne
s'appellera pas "1611" malgré ses 11CV fiscaux.
Avec sa
boîte mécanique, ses 1100Kg et ses 110 CV, c’est le
modèle le plus performant. Les performances (180Km/h chrono) ne sont
pas ridicules encore aujourd’hui.
Cette version, hélas, a
été très peu diffusée.
C'est justement ce modèle que j'ai fini par dénicher récemment, en Haute Marne. Peinture marron foncé métalisée et toit en vinyl de couleur crème; Plus classe que moi tu meurs!
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Blog général : http://simca80.typepad.fr/simcaland/
françois GRENIER.
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