Omar BONGO obtient la tête de BOCKEL
Les déclarations du secrétaire d'Etat à la Coopération avaient déplu au président gabonais. Elles lui ont coûté son poste.
"C'est un signe intéressant." Le porte-parole du gouvernement gabonais a accueilli chaleureusement la "bonne nouvelle" du départ de Jean-Marie BOCKEL du secrétariat d'Etat à la Coopération. En clair:
victoire par KO d'Omar Bongo qui, ayant demandé sa tête, a obtenu la dépouille du maire Gauche moderne de Mulhouse.
BOCKEL et la "bonne gouvernance"
"L’un des premiers freins au développement, c’est la mauvaise gouvernance..."
L'affaire avait fait grand bruit du côté de Libreville.
"La mauvaise gouvernance, le gaspillage des fonds publics (...) la prédation de certains dirigeants"...
"Quand le baril est à 100 dollars et que d’importants pays producteurs de pétrole ne parviennent pas à se développer, la gouvernance est en question"...
Dans un entretien au Monde, Jean-Marie BOCKEL avait cité un nom, un seul, celui du "président du Gabon". Badaboum! Au Palais du bord de mer, le sang du "sage" Omar Ondimba Bongo ne fait qu'un tour. A tel point que le 17 janvier, il rappelle à la France dans un communiqué officiel les règles de bienséance...
"De tels propos ne peuvent être mus que par l'ignorance des réalités de
la coopération franco-africaine. Aussi, le gouvernement gabonais marque-t-il sa surprise face au constat suivant: à savoir que, depuis l'arrivée à la tête de la France du président Nicolas Sarkozy, soient véhiculés a un tel niveau de responsabilité des clichés méprisants faisant des Etats africains de vulgaires mendiants sollicitant sans fin l'aumône de la France (...) Le Gabon s'étonne de cette attitude d'autant plus inacceptable quand on sait les avantages que tirent la France et les autres Etats occidentaux de leurs rapports économiques avec notre pays depuis toujours, avantages mutuels par ailleurs."
En coulisse, le syndicat des chefs d'Etat africains s'organise. Bongo, Sassou (président du Congo) et Biya (président du Cameroun) prennent leur téléphone pour réclamer à Nicolas Sarkozy la tête de l'impétrant. Les jeux sont faits.
Le reportage qui tue
Par ailleurs, un reportage diffusé sur France 2 début mars n'a sans doute pas aidé à reconduire le patron de la Coopération. Reprenant les informations mises au jour par les policiers l'été dernier, la chaîne publique montre l'étendue du patrimoine immobilier du président Bongo: 33 appartements ou maisons, un hôtel particulier de 18 millions d'euros…
Re-colère d'Omar Bongo qui, en guise de représailles, expulse deux ressortissants français. Evoquant une véritable "cabale" et un "complot contre le Gabon et son président", le porte-parole du gouvernement, René Ndemezo’ Obiang, fustige la diffusion du reportage dans un communiqué:
"En autorisant la diffusion par les chaînes publiques de reportages divulguant l'adresse privée du président de la République gabonaise en France, mettant ainsi en danger son intégrité physique ainsi que celle de sa famille, les autorités françaises ont manqué à leurs obligations de protection d'un chef d’Etat en exercice."
Le ton menaçant et inhabituellement peu diplomatique laisse augurer des conversations houleuses échangées entre les deux palais. Deux semaines plus tard, la sanction est tombée.
BOCKEL pourra méditer au calme...
Il fait ses valises pour les Anciens combattants, où il pourra méditer sa propre réponse faite au Monde, qui l'interrogeait sur le précédent de Jean-Pierre Cot, écarté en 1982 de la Coopération par François Mitterrand pour cause de réformisme trop enthousiaste.
"Je sais qu'on ne décalquera pas du jour au lendemain notre morale en Afrique. Je sais aussi que l'Afrique est le continent de demain, et qu'il en va de l'intérêt de la France de mettre en œuvre cette rupture. La jeunesse africaine l'attend"...
avait-il récemment déclaré au "Monde"...
Elle attendra encore un peu, la jeunesse africaine...
François GRENIER
Bonjour, complètement d'accord
Rédigé par : Martine MONTEL | 24 mars 2008 à 06:41