Un joyeux bordel ...
Sur le terrain, la guerre afghane ne tourne pas à
l’avantage des « forces de la coalition ». La coordination des armées
laisse à désirer : les troupes commando contrarient parfois directement
les efforts de pacification des forces sous mandat international, rarement informées de leurs mouvements. Les militaires
britanniques se plaignent de la brutalité des opérations des Américains
qui, à leur tour, reprochent aux premiers de fournir des armes à la
population locale sous prétexte de créer une milice. Quant aux relations entre Hamid Karzai et ses parrains occidentaux, elles ne sont pas non plus au beau fixe et les accrochages sont fréquents...
LE CANADA PRET A LAISSER TOMBER!
Excédé, Stephen Harper, le premier ministre du Canada, vient d’ailleurs de déclarer que, à moins que l’Otan n'envoie des renforts en hommes et en matériels, il retirerait de la région de Kandahar, les 2500 soldats canadiens qui y sont déployés.
Un gouffre financier
Selon une enquête du Congressional Research Service de 2006 la guerre
d’Afghanistan avait coûté aux Etats-Unis 97 milliards de dollars depuis
2001 (contre, il est vrai 379 pour la guerre d’Irak).
On comprend d’ailleurs avec cela pourquoi le budget militaire
états-unien explose une nouvelle fois cette année – 515,4 milliards de
dollars.
Des chiffres à rapprocher de la remarque de Wim de Ceukelaire et Bert
de Belder dans l’Atlas alternatif : Sauver 8 millions de personnes
dans le monde (dont 6 millions d’enfants) de maladies aisément
évitables et guérissables ne coûterait pas plus de 35 milliards de
dollars.
Il n'est guère possible de connaître le coût de l'occupation pour les pays européens. Un journaliste italien citait le chiffre de 300 millions d'euros par an pour son pays en 2006.
Le secrétaire à la défense états-unien Robert Gates a écrit il y a peu au gouvernement allemand pour l’inciter à envoyer des soldats dans les zones de combat en Afghanistan. Mais celui-ci n’est guère enthousiaste. Comme c’est souvent le cas en Europe de nos jours, outre-rhin le principal avocat de l’envoi des soldats allemands au casse-pipe est un élu du centre-gauche, Hans-Ulrich Klose, Vice Président de la commission des Affaires Etrangères au Bundestag (Reuters 5 février 2008, un homme qui pourtant sur d’autres théâtres d'opération, face à la Russie notamment, sait se montrer plus modéré.
SARKOZY désormais vautré devant les USA...
Quant à Nicolas Sarkozy, qui avait pourtant déclaré pendant la
campagne présidentielle (le 26 avril 2007) que «la présence à long
terme des troupes françaises» ne lui semblait «pas décisive». Il se déclare même prêt à poursuivre la politique de rapatriement de nos soldats, alors engagée par Jacques Chirac. Après s’être
rendu à Kaboul en décembre dernier avec André Glucksmann et Rama Yade
et y avoir a promis un «renforcement» de la présence française, il
s'est engagé lors de son voyage en Angleterre (devant le parlement
britannique!...) à envoyer 1000 hommes supplémentaires en Afghanistan...
Cette décision on ne peut plus mal venue et qui fait d'ailleurs
gravement polémique, est désormais malheureusement effective.
Or, avec ou sans ce contingent, l'enlisement en Afghanistan est évident et durable. Les objectifs d'un engagement supplémentaire de la France ne sont absolument pas définis. Il est inadmissible de risquer la vie de nos soldats dans des conditions pareilles.
Plus grave, à l'occasion du Sommet de Bucarest, Nicolas Sarkozy a fait prendre à la politique étrangère de la France un virage périlleux, en prévoyant de réintégrer le commandement militaire de l'OTAN.
Mais où est donc passé le « Livre blanc de la Défense », en préparation depuis plusieurs mois et qui devait être soumis au Parlement ? Personne ne l'a encore vu… et lorsqu'on débattra de ses orientations, il sera déjà trop tard. Car entre temps, c'est toute notre politique depuis 1966 qui aura été remise en cause.
Le degré de notre participation à l'Otan est une question fondamentale qui mérite elle aussi un débat au parlement. La France n'a vraiment aucun intérêt à se ranger dans le camp atlantiste, sans obtenir quoi que ce soit en retour! D'ailleurs, quel poids pourrait être celui de la France dans un commandement militaire qui s'est fait sans elle depuis plus de quarante ans ?
Nicolas Sarkozy ne vise, en réalité, qu'une seule chose : Satisfaire son délire obsessionnel atlantiste . Une option idéologique dangereuse à l'heure où certains poussent au conflit des civilisations et alors que les USA ne seront jamais disposés, en matière de défense, à déléguer en quoi que ce soit leur autorité.
François GRENIER.
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