Philippe SEGUIN est décédé brutalement, d’une crise cardiaque, ce jeudi 07 janvier 2010. L'émotion et les marques de respect sont unanimes parmi l‘ensemble de la classe politique. Lundi, un dernier hommage solennel lui sera rendu aux Invalides. De nombreuses personnalités de droite comme de gauche devraient être présentes. Outre les présidents Chirac , Giscard d'Estaing et Sarkozy, le Premier ministre François Fillon, les anciens Premiers ministres Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, Ministres et responsables politiques de tous bords seront au rendez-vous.
Pour honorer cette figure du gaullisme social qui a occupé des postes majeurs
de la République, c'est l'église Saint-Louis de Invalides, nécropole des
gloires militaires, qui a été choisie.
Un choix que n'aurait pas renié Philippe Séguin, pupille de la Nation, qui veillait
comme à la prunelle de ses yeux à la mémoire d'un père, mort au combat,
lorsqu'il avait un an et qu'il n'avait donc pas connu. Au nom de ce père, héros qui ne l'avait pas,
il avait refusé la Légion d'honneur.
Après la cérémonie religieuse, le chef de l'Etat prononcera un discours d'hommage dont certains passages devraient être inspirés par son conseiller spécial Henri Guaino, qui fut très proche de Philippe Séguin.
François Fillon était jeudi matin au bord des larmes lorsqu'il a évoqué la disparition de son ami et mentor en politique, Philippe Séguin. Sur le plateau de France 2, Henri Guaino, également les yeux emplis de larmes,
avait à son tour témoigné de son affection pour le premier président de la Cour des
Comptes emporté quelques heures plus tôt par une crise cardiaque à l'âge de 66
ans.
Le dernier hommage national rendu aux Invalides le fut le 16 avril 2009, à
l'académicien et ancien ministre Maurice Druon, qui y reçut les honneurs
militaires après ses obsèques célébrées en l'église.
Après cette cérémonie aux Invalides, Philippe Séguin sera inhumé mercredi dans
le caveau familial de Bagnols-en-Forêt, un petit village du Var situé au nord
de Fréjus Saint-Raphaël, où sont installés des membres de sa famille, dont son
demi-frère.
Il y sera inhumé aux côtés de sa mère décédée en octobre dernier et de ses
grands-parents.
A l'indépendance de la Tunisie en 1956, Philippe Séguin, né à Tunis en 1943, et sa mère s'étaient installés dans le Var.
Personnage haut en couleur, redouté pour ses colères démonstratives, il fut
notamment Député d'Epinal (à partir de 1978) et Maire de cette ville (à partir de 1983),
ministre des Affaires sociales sous la première cohabitation (1986-1988),
président de l'Assemblée de 1993 à 1997, puis président du RPR après la
désastreuse dissolution.
Il fut aussi et surtout le pourfendeur du traité de Maastricht, contre lequel
il mena en 1992 une énergique campagne, aux côtés de Charles Pasqua, déployant
des talents d'orateur qui l'ont fait connaître du grand public.
En 2001, il fut l'adversaire malheureux de Bertrand Delanoé à Paris, victime à la fois du peu d'empressement de CHIRAC à le soutenir, d’une droite terriblement affaiblie par ses divisions et de la concurrence avec un Jean Tibéri finalement beaucoup plus coriace que prévu...
Finalement nommé en 2004 Président de la Cour des Comptes, Philippe Seguin avait à n’en pas douter la carrure d’un Homme d’Etat.
Comme en témoigne la médiatisation de plusieurs rapport de la cour des comptes l'an passé, son bouillonnant Président avait sûrement d’autres ambitions, parfaitement légitimes, à un âge où bien des hommes politiques ont seulement vu leur carrière décoller... Sa brutale disparition en a décidé autrement.
Auteur d'une douzaine d'ouvrages - dont une biographie-réhabilitation de
Napoléon III - il en émaillait discours et écrits. IL laisse derrière lui un
grand vide, mais malheureusement ni un mouvement politique ni même un
successeur.
J’avais rencontré Philippe Seguin à Compiègne en Septembre 1992, quelques jours avant le référendum sur Maastricht, déjà très largement rejeté à l’époque en Picardie.
J’avais admiré le tact et la retenue dont Philippe Seguin avait fait preuve lors du débat télévisé qui l’avait opposé au Président Mitterrand. Ce débat avait été d’une parfaite tenue, d’une grande de qualité. Le Dépuité des Vosges n'avait pas été mauvais, bien au contraire.
C'est ce jour là qua sa carrure d'Homme d'Etat avait éclaté au grand jour...
Quelque que soit mon opposition, toujours actuelle, à cette construction là de l’Europe, j’avais et je conserve aussi pour notre ancien Président de la République, ainsi qu’à Philippe Seguin, un immense respect.
François GRENIER
09/01/2010.
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