Dès le mois de juin puis à de multiples reprises, le chef de l'Etat avait été évoqué dans ce dossier. Il avait été notamment mis en cause notamment par Claire Thibout, l’ex comptable de Mme Béttencourt. Madame Thibout était ensuite revenue sur la partie de ses déclarations mettant directement en cause le président.... D’après plusieurs journalistes (Le Monde, Rue 89), elle aurait subi de fortes pressions politiques, pour retirer une partie de son témoignage initial recueilli par Mediapart...
Le nouveau scandale éclabousse aujourd'hui le président de la République concerne les méthodes, en pure violation de la loi, qu’aurait employé l’Elysée afin d’empêcher la manifestation de la vérité dans cette ténébreuse affaire Woerth-Béttencourt…
En bref, les services du contre-espionnage, en dehors de tout cadre judiciaire, auraient été utilisés pour identifier et neutraliser l’informateur du journal "Le Monde", qui avait révélé dans ses colonnes (les 18 et 19 juillet dernier) certains éléments croustillants de la garde à vue de Patrice de Maistre... En effet, le gestionnaire de fortune de Liliane Béttencourt affirmait aux enquêteurs avoir « été incité à procéder au recrutement" de Florence Woerth, l'épouse du ministre du Travail, "en 2007 par son mari, alors ministre du Budget, cinq mois après avoir obtenu la Légion d'honneur par l'intermédiaire d'Eric Woerth"…
Une publication qui aurait particulièrement irrité l'Elysée…
Le Journal "Le Monde", qui en fait sa "Une", accuse donc l'Elysée d'avoir eu recours "à des procédés qui enfreignent directement la loi sur la protection des journalistes" en demandant à la DCRI d'identifier une des sources du journal et de mettre fin aux fuites dans la presse. On a par ailleurs appris que le journal allait porter plainte contre X pour "violation de secret des sources".
"Nous avons des certitudes et des éléments de preuves", a déclaré lundi Eric Fottorino, directeur du Monde. "Pour publier un titre aussi fort, il fallait qu'on ait des éléments tangibles, recoupés, c'est ce que nous avons fait tous ces derniers jours, toutes ces dernières semaines", a-t-il dit sur les ondes d'Europe 1.
L'Elysée "dément totalement" avoir "jamais donné la moindre instruction à quelque service que ce soit", mais le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), Bernard Squarcini, a déjà affirmé (vendredi 10 septembre au site Nouvelobs.com) que son service s'est intéressé à ces fuites et avait apporté un "éclairage"…
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Cette enquête de la DCRI, hors cadre légal, serait donc intervenu une quinzaine de jours avant l'ouverture, le 4 août, d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris à la suite de la plainte de Me Fabrice Goguel, l'ancien avocat fiscaliste de Liliane Bettencourt.
Vendredi, le site Nouvelobs.com avait affirmé que le conseiller pénal de la ministre de la Justice avait été identifié comme l'un des informateurs de la presse dans l'affaire Woerth-Bettencourt, et contraint à la démission.
Si ce magistrat a bien quitté la Chancellerie, les services de Michèle Alliot-Marie, joint par l'Associated Presse, donnent une autre version de ce départ précipité…Ce magistrat aurait souhaité retrouver "le terrain" après huit années passées dans différents ministères… Il se serait vu alors proposé "une mission de préfiguration" sur la future cour d'appel de Cayenne… Une perspective bien passionnante en effet!
Pour en revenir aux méthodes et habitudes élyséennes, rappelons enfin qu’au printemps dernier, la DCRI avait déjà enquêté sur les rumeurs concernant le couple présidentiel à la suite d'un billet posté sur un blog du Jdd.fr. AP…
François GRENIER
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