Alors que le fils du député européen s'est pourvu en cassation jeudi afin d'intenter un procès à son frère qu'il accuse de viol, Philippe de Villiers s'est confié sur le calvaire qu'il vit depuis quatre ans.
« Je n'en peux plus de cette boue déversée sur nous », a confié Philippe de Villiers. Dépouillé de ses mandats locaux, guéri d'un cancer mais toujours meurtri par l'affaire de moeurs qui déchire sa famille, Philippe de Villiers sort d'un silence prolongé.
Il pensait que la boîte de Pandore s'était refermée. Mais son fils Laurent n'avait pas dit son dernier mot. Le cadet du député européen s'est pourvu en cassation jeudi afin d'obtenir un procès contre son frère aîné Guillaume qu'il accuse de viol pendant son enfance.
Il ira « jusqu'au bout », a commenté son avocat Me Jean-Marc Fedida.
La foudre avait frappé la famille de Villiers en 2006, avec cette plainte pour « viols » de Laurent contre Guillaume. Le cauchemar familial tourne au calvaire judiciaire. Retrait de plainte en 2007 puis réactivation fin 2008.
Des soupçons pèsent sur Guillaume de Villiers. Notamment ce mail où il écrit à son frère « Ce que tu as subi par moi est grave ».
Mais les juges ont estimé qu'il n'existait « pas de charges suffisantes » contre Guillaume de Villiers. Un non-lieu est prononcé en sa faveur le 17 décembre dernier.
Laurent de Villiers avait alors dénoncé un « arrêt totalement partial », tandis que son frère aîné l'accusait de l'avoir « calomnié ».
De son côté, écorché vif par ce drame oedipien, Philippe de Villiers n'est plus que l'ombre de lui-même.
« Je suis un mort-vivant »
Au lendemain du non-lieu, le fondateur du Mouvement pour la France (MPF), se confie au Point dans un entretien publié jeudi. Enfin un entretien... plutôt une séance cathartique de défoulement, qui laisse transparaître un Philippe de Villiers transformé.
La tragédie a révélé la révolte et le désespoir qui grondent chez l'homme politique longtemps étiqueté catho traditionaliste.
Le mal est multiple. Il y a la disgrâce politique. « J'ai été viré du Conseil Général... » se lamente le député européen, éjecté de son fauteuil par son dauphin en politique, son « fils spirituel », Bruno Retailleau.
Il y a la honte personnelle et sociale. La honte d'être regardé comme le père d'un violeur. L'homme politique de 62 ans semble se complaire dans son supplice.
Il explique boire du Ricard jusque tard dans la nuit, faire le tour de sa maison de Vendée en pleurant, se déclare « mort-vivant ». « J'aurai préféré mourir », lâche t-il dans les colonnes de l'hebdomadaire, en référence à sa guérison d'un cancer de l'oeil.
« Qui a eu intérêt à m'éliminer ? »
Et puis il y a le besoin de laver l'honneur sali, alimenté par la soif de revanche. De Villiers en est convaincu : son fils, révolté contre sa famille, a été manipulé dès le début.
En 2006, Laurent de Villiers rencontre l'éditrice Stéphanie Chevrier, compagne d'Olivier Besancenot à la ville, afin de « faire un livre contre sa famille ».
Le journaliste Guy Birenbaum, recommandé par Chevrier, l'aide dans ses démarches, l'incite à porter plainte et lui choisit Jean-Marc Fedida comme avocat. De Villiers lie l'engrenage judiciaire à son piètre score à la présidentielle de 2007, 2%.
« Laurent a dévissé. Il veut la mort de sa famille et en même temps il réclame, comme cadeau de mariage, une chevalière aux armoiries de la famille, pour lui et pour sa femme », confie t-il au Point.
« Qui a eu intérêt à m'éliminer ? », dénonce t-il. « Notre famille a été couverte d'infamie parce que j'étais un homme politique non-aligné qui prétendait incarner les valeurs. Pour les journalistes, "catholiques = pédophiles" ! Je n'en peux plus de cette boue qui est déversée sur nous ».
L'ex-homme fort de Vendée a fait condamner le JDD, pour avoir affirmé que sa femme et lui étaient séparés. Cinquante-cinq autres plaintes ont suivi contre les « chacals médiatiques ».
« Je n'en peux plus de ces trucs de cathos ! »
Révolte contre les autres, mais aussi révolte contre lui-même. Reproche de n'avoir pas été un père assez présent. Flagellation familiale, et notamment de sa femme, mystique, devant l'ignominie des actes reprochés à Guillaume.
« Je n'en peux plus de ces trucs de cathos ! La religion c'est une maladie ! », crie l'ex-ministre de Chirac, pourtant père de deux dominicaines du Saint-Esprit. « Je ne suis pas croyant », révèle t-il.
Que reste-t-il au fondateur du Puy du Fou ? L'espoir de revoir son fils revenir pour lui demander pardon et la crainte du Pater familias de devoir le lui accorder. La politique ? Il « ne sait pas », il « n'y croit plus ». Il veut « tenter de revivre ».
Il veut consacrer « le reste de sa vie à expliquer à tous les justiciables » que ce qu'il a vécu, d'autres peuvent le vivre. Et puis il y a un film dans les cartons, sur le général de Charrette, chef des rebelles vendéens à l'époque de la Révolution. Son titre ? « Le dernier panache ».
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