Le Monde nous décrit par le menu ce qui ressemble à s’y méprendre à des massacres commis sur des civils par les milices d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire. Une enquête à prendre avec beaucoup de précaution, le quotidien de référence de l’hyperclasse ayant la fâcheuse habitude d’avoir, par le passé, véhiculé mensonges et désinformations sous des formes aussi diverses que variées, concernant les guerres en ex-Yougoslavie notamment.
Le 1er avril, un court communiqué du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) indiquait : « Au moins 800 personnes auraient été tuées le 29 mars lors de violences intercommunautaires dans le quartier Carrefour de la ville de Duékoué, dans l’ouest du pays. » Depuis début décembre et le refus du président sortant Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire à la présidentielle de son rival Alassane Ouattara – victoire reconnue par la communauté internationale –, les violents affrontements entre les deux camps ont fait de nombreuses victimes. Mais jamais une ONG n’avait alerté sur l’exécution d’un si grand nombre de personnes en si peu de jours, justifiant l’emploi du terrible terme de « massacre ».
« Le CICR ne fait pas ce genre de communiqué à la légère, il est très rare que nous donnions des chiffres. Si l’on parle d’au moins 800 victimes, c’est parce que nous étions à Duékoué le 31 mars et le 1er avril, et que ce sont nos équipes qui ont ramassé les corps, soit dans les maisons, soit à l’extérieur, pour les enterrer dans la dignité. Donc nous les avons comptés », précise Steven Anderson, un porte-parole du CICR, mettant de l’ordre dans les bilans disparates, allant d’une centaine de morts à plus d’un millier, diffusés par les ONG et les Nations unies depuis samedi. « Nous sommes devant un cas exceptionnel et une situation particulièrement choquante », ajoute-t-il. Un effroi partagé par tous les humanitaires qui ont eu connaissance des faits.
« S’il s’agit bien, comme c’est en train de se préciser, d’exécutions sommaires en masse commises en seulement deux jours, mardi 29 et mercredi 30 mars, on est vraiment devant un massacre de grande ampleur. Nos différentes sources sur le terrain ont dénombré à ce jour 816 morts. Mais on continue à découvrir des corps », explique Florent Geel, responsable Afrique à la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). « Ce n’est pas les 5.000 morts par jour du conflit rwandais, mais c’est vraiment très important. Pour vous donner un ordre d’idée, le massacre du stade de Conakry, en Guinée, qui avait choqué le monde entier en 2009, déclenché une enquête et provoqué la transition politique, c’est 157 morts », indique-t-il.
Commentaires