« PROTECTIONNISME INTELLIGENT »
COMMENT RELOCALISER 1 MILLION D’EMPLOIS
Le constat est sans appel : avec un déficit commercial record attendu pour 2011 de
75 milliards d’euros - dont 20 milliards avec la seule Chine - et la destruction de
600 000 emplois industriels ces dix dernières années, la France connaît un déclin
économique qui menace autant son niveau de vie que son rang mondial.
Les conséquences en cascade de ce véritable carnage industriel que semblent tout à coup découvrir, à quelques mois de l’élection présidentielle, les candidats des partis aux affaires depuis 30 ans, sont désastreuses: outre le coût humain, social et financier du chômage de masse, des régions entières se transforment peu à peu en terrain vague, des savoir-faire dans des secteurs d’importance stratégique se perdent, l’Etat se paupérise et se surendette, ses missions régaliennes sont de moins en moins assurées, ses services publics se lézardent, le pays subit une dépendance économique et stratégique croissante envers des géants de la mondialisation bien résolus à lui imposer leur domination - commerciale aujourd’hui, politique demain ?
Après s’être enfermés dans des discours de déni pendant d’interminables années, avec le concours d’«experts» prompts à chanter l’ode à la mondialisation heureuse, à caricaturer tout discours de protection et à invoquer la fatalité du libre-échange au sein de l’Europe communautaire, nos gouvernants de droite, de gauche et du centre, entonnent comme un seul homme un hymne vibrant au «made in France» que leur action successive s’est pourtant méthodiquement acharnée à détruire.
Car il ne suffit pas de lancer quelques slogans tous les cinq ans pour renverser réellement les priorités et permettre, effectivement, à la France de remonter la pente du rétablissement industriel. L’élection présidentielle doit, sur ce terrain plus que tout autre, être l’occasion d’aller à la racine des problèmes, qui s’appelle en l’espèce déficit de compétitivité.
Certes, l’économie française souffre de handicaps qui lui sont propres : poids des charges, cherté du crédit, politiques inadaptées vers les TPE / PME, faiblesse des systèmes de formation continue, etc. Mais tous les efforts qui ont été faits et pourraient l’être à l’avenir pour y remédier sont anéantis par un euro surévalué de 30 % et un contexte de libre-échange déloyal, où les travailleurs français affrontent des producteurs parfois payés trente fois moins qu’eux et enfermés dans de véritables camps de travail. En effet, comment courir le 100 mètres avec un boulet au pied ?
Le choix est simple :
> Soit on continue la logique actuelle en détricotant peu à peu notre système économique et social pour l’aligner sur celui de la Chine, ainsi que le font sans l’avouer nos gouvernants à travers des «réformes structurelles» et désormais les «politiques de convergence européenne», sorte de concours Lépine de la destruction systématique de la France des Trente Glorieuses et de ses acquis.
> Soit on récrée les conditions d’une compétitivité nationale, en rétablissant la loyauté des échanges commerciaux, ce qui passe notamment par l’imposition aux produits fabriqués hors de nos frontières des coûts économiques, sociaux et environnementaux auxquels est soumise notre propre production.
Contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, il est tout à fait possible de relocaliser un million d’emplois en l’espace de 10 ans ce, grâce auprotectionnisme intelligent. Il consiste à la fois à protéger la production nationale de la concurrence déloyale et à muscler les entreprises françaises.
Projet présidentiel de
Nicolas Dupont-Aignan
Aucune indépendance politique, aucun système durable de protection sociale, aucune défense de nos valeurs propres et de notre voix dans le monde, n’est concevable sans un minimum de puissance économique. C’est cette puissance économique aujourd’hui malmenée que le protectionnisme intelligent permettra enfin de rétablir.
10 MESURES PHARES
PROTEGER LE « Fabriqué en France »
1) Engager une politique massive d’étiquetage et de labellisation, indiquant la part de valeur ajoutée produite en France et permettant ainsi aux consommateurs de favoriser les produits, c’est à dire les emplois, français. Etendre cette politique aux prestations de services telles que l’assistance téléphonique, les opérateurs devant désormais préciser depuis quel pays ils répondent. L’UE n’autorisant pas toujours ce type de mesures, la France devra passer outre.
2) Systématiser le contrôle de l’ensemble des produits importés, afin d’en vérifier la conformité avec les normes sanitaires et de sécurité en vigueur dans l’UE.
3) Étendre aux produits importés la TGAP (taxe générale sur les activités polluantes) que seules les industries françaises acquittent actuellement.
4) Instaurer des droits de douane par produit et par pays, pour empêcher la concurrence déloyale. Par ce système, empêcher par exemple le triste sort de la filière française des panneaux solaires. Comme en Argentine et au Brésil, ce système doit à terme inciter les importateurs à créer en France des usines dont les produits seront prioritairement destinés au marché national.
5) Mettre un terme au handicap monétaire majeur que constitue l’euro surévalué, en passant de la monnaie unique à la monnaie commune (euro-franc, euro-mark, euro-lire, euro-drachme...). La France retrouverait ainsi son indispensable liberté monétaire tout en maintenant une coordination européenne avec les pays qui le souhaiteraient.
MUSCLER NOS ENTREPRISES
6) Créer un « Small Business Act » à la française, obligeant les collectivités publiques à réserver 25 % de leurs commandes à des PME nationales.
7) Diminuer de moitié l’Impôt sur les Sociétés pour les entreprises qui réinvestissent leurs profits et favorisent l’actionnariat salarié.
8) Contrôler le système bancaire français en séparant les activités d’investissement des activités de détail pour remettre les banques au service de l’économie réelle.
9) Favoriser le développement de l’actionnariat-salarié jusqu’à 15 % du capital de chaque entreprise française en 5 ans, ce qui aura non seulement comme effet d’augmenter le patrimoine des Français, mais de responsabiliser les salariés désormais associés aux résultats et aux décisions, tout en rendant beaucoup plus difficiles les OPA étrangères hostiles.
10) Engager, sous l’égide de l’Etat, une véritable stratégie industrielle et scientifique, dotée des structures et des moyens d’intervention appropriés, et hisser l’effort de recherche à 3 % du PIB - ce qui permettrait en particulier de revaloriser sensiblement la condition des chercheurs, favoriser les coopérations européennes interétatiques ponctuelles... - grâce notamment à notre liberté monétaire retrouvée, qui offrira à nouveau à la Banque de France la faculté de prêter à 0 % à l’Etat pour sa politique d’investissement.
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