Allemagne : vers un Etat dans l'Etat?
Première communauté immigrée du pays, près de trois millions de Turcs résidant outre-Rhin refusent toute idée d'intégration. A l'instar du Premier ministre islamiste, Recep Tayyip Erdogan, ils revendiquent désormais l'instauration d'un Etat communautariste.
C'est une première !
En visite officielle en Allemagne, le Premier ministre turc Erdogan, a tenu dimanche 10 février 2008 un meeting devant 16000 de ses compatriotes, en terre étrangère, à Koln. La ville n'a pas été choisir par hasard. Elle compte l'une des plus fortes communautés turques du pays et sera bientôt considérée comme terre d'Islam, abritant l'une des plus grandes mosquées du pays.
C'est au coeur de cette petite Turquie que le Premier ministre Erdogan a qualifié l'assimilation de "crime contre l'humanité"; Il n’évoquait pas là, bien sûr, la protection des minorités kurdes ou
arméniennes dans son pays, mais la défense des intérêts des
trois millions de Turcs vivant en Allemagne. Erdogan s'est payé le luxe d'exhorter ses compatriotes à garder leur propre culture et à éxiger des droits particuliers. Au rang desquels le droit de bénéficier d'écoles et d'universités turques dotées de personnel enseignant mandaté par Ankara...
Le discours, qui a été prononcé sans aucune traduction allemande a suscité une émotion d'autant plus vive qu'il avait lieu au lendemain des élections régionales de Hesse,
douloureuses pour la CDU d’Angela Merkel et dominées par un virulent
débat sur l’intégration et la criminalité des jeunes d’origine
étrangère...
Une prise de conscience bien tardive
Cet évènement a soulevé l'indignation d'une partie de la droite allemande. Les libéraux dénoncent la création "d'une petite Turquie" sur le sol allemand. Erwin Huber, Chef de l'Union Chrétienne Sociale stigmatise le "nationalisme turc en territoire allemand" et appelle les Turcs d’Allemagne à faire preuve de «loyauté» envers leur pays d’accueil. Même la gauche allemande, en
général plutôt favorable à l'intégration de la Turquie, s’interroge et s’indigne. «Nous ne voulons pas de société parallèle en Allemagne»,
s’offusque le chef de la fraction sociale-démocrate au Bundestag, Peter
Struck. Une réaction bien tardive de la part d'une classe politique allemande qui a organisé ce torrent migratoire.
Quant à Erdogan, il ferait bien d'appliquer ses propres préceptes à lui même, dans son pays, où les minorités dont il prétend défendre les intérêts chez les autres sont régulièrement persécutées et massacrées...
François GRENIER
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