"Après des élections législatives confuses qui n'avaient pas dégagé de majorité parlementaire, et plusieurs jours de tractations florentines très inhabituelles à Londres, la reine a invité David CAMERON le chef du Parti conservateur, à devenir le nouveau premier ministre et à former un gouvernement.
Le fair-play britannique a donc repris ses droits. Chacun salue aujourd'hui l'élégance avec laquelle le premier ministre sortant, Gordon BROWN, a quitté le 10 Downing Street, mardi 11 mai, et mis un point final à treize années de présence des travaillistes au pouvoir. En dépit des spéculations de ces derniers jours, le pays a également évité la mise en place d'une coalition baroque entre les travaillistes et les libéraux-démocrates : une telle alliance des perdants du scrutin du 6 mai ne leur aurait même pas assuré une majorité stable à Westminster.
La nomination de David Cameron à la tête d'un gouvernement de coalition avec les libéraux-démocrates de Nick Clegg était la seule façon de constituer une large majorité au Parlement : elle s'est imposée. Ces deux jeunes leaders politiques, âgés l'un et l'autre de 43 ans, qui d'ailleurs se ressemblent furieusement physiquement parlant, ont toutefois de nombreuses conceptions politiques radicalement différentes...
LA CARPE ET LE LAPIN
Le compromis politique n'a sans doute pas été évident...
David Cameron a nommé son concurrent "Vice Premier Ministre" et a surtout accepté d'ouvrir la voie à une réforme électorale, éxigée par M. Clegg, et qui peut déboucher, à terme, sur une véritable révolution de la vie politique britannique.
Quant au leader des lib-dem, il aurait renoncé à ses exigences sur l'Europe, l'immigration et la défense. Pour combien de temps?...Ce compromis est historique à plus d'un titre. Non seulement la Grande-Bretagne, attachée depuis des siècles à son système politique d'alternance entre les deux grands partis, n'avait pas connu de gouvernement de coalition depuis 1945, mais une alliance entre tories et libéraux-démocrates est totalement inédite.
De sang-froid, David Cameron et son vice-premier ministre en auront doublement besoin pour affronter les difficultés qui les attendent. Car la Grande-Bretagne est confrontée à la crise économique la plus sérieuse depuis les années 1970. Le déficit public du pays atteint 12 % du PIB national, 15 % du total de la dette publique européenne est aujourd'hui britannique, la croissance est atone et la livre sterling désormais bien isolée dans la tourmente monétaire, après les mesures de protection de l'euro qui viennent d'être mises en place.
C'est une véritable cure d'austérité et de très sévères coupes dans les dépenses publiques que le nouveau premier ministre anglais et son allié vont devoir imposer à leurs compatriotes.
En 1974, une situation comparable s'était soldée par la mise du pays sous tutelle du FMI. L'histoire ne se répète pas, comme chacun sait. Mais elle est instructive. Voire, aujourd'hui, inquiétante pour les Britanniques."
François GRENIER.
ci-dessous, l'article paru dans les colonnes du Courrier-Picard
en date du 24-05-2010 (Paroles de lecteurs) p. 38
(cliquer dessus pour aggrandir)
Commentaires