Nicolas Dupont-Aignan:
« Si je considère que chacun a le droit d’assumer sa vie entre adultes consentants, j’estime en revanche qu’il n’y a pas un droit "à l’enfant". Il y a au contraire à mes yeux un droit "de l’enfant"...
Depuis plusieurs mois, les candidats à la présidentielle s'expriment dans les colonnes de TÊTU sur leur projet politique pour les LGBT. Jusqu'au premier tour, TÊTU.com vous propose de lire ou de relire ces entretiens sans langue de bois.
Numéro 174 - Février 2012
Le député de l’Essonne et président de Debout la République incarne le courant souverainiste de la droite, en rupture avec Sarkozy et l’UMP depuis 2007, année où il avait déjà tenté de présenter sa candidature à la présidentielle sans pouvoir réunir les parrainages nécessaires.
TÊTU:Êtes-vous favorable à l’ouverture du mariage aux couples de même sexe?
Nicolas Dupont-Aignan: Pour moi, il y a deux principes qui doivent être conciliés. Le premier est le droit de chaque individu de vivre sa vie comme il l’entend et de pouvoir aimer qui il veut. Je trouve légitime de vouloir solenniser un amour quel que soit le sexe. Chacun a le droit d’organiser son bonheur et son amour au grand jour comme il le souhaite. C’est pourquoi je suis pour ce que j’appelle une alliance conclue en mairie et ouvrant certains droits supplémentaires par rapport au pacs, comme par exemple la possibilité de toucher une réversion en cas de décès, ou d’autres droits ou obligations qui seraient calqués sur le mariage, notamment concernant l’éventualité d’une séparation. Le deuxième principe auquel je tiens est le droit, d’après moi, de chaque enfant d’avoir un père et une mère à sa naissance, même si la vie ou le malheur écarte parfois l’un d’eux très tôt du domicile familial. C’est pour cela que je suis hostile à l’adoption, et que je parle d’alliance et non de mariage. Si je considère que chacun a le droit d’assumer sa vie entre adultes consentants, j’estime en revanche qu’il n’y a pas un droit «à l’enfant». Il y a au contraire à mes yeux un droit «de l’enfant». C’est pourquoi le législateur ne doit pas mettre en œuvre l’adoption pour des couples d’homosexuels, ou même d’ailleurs des célibataires.
Que proposez-vous concernant la lutte contre l’homophobie?
Il faut être très ferme et apporter une réponse judiciaire, y compris dans le monde du travail. L’homophobie est tout aussi inacceptable que le racisme. Je me félicite des progrès dans notre société à l’égard des homosexuels bien que la situation régresse dans certains endroits où la haine se libère. Chacun doit vivre comme il veut, et l’amour n’a pas de sexe. Je suis très clair là-dessus.
Que pensez-vous des débats à la rentrée dernière sur les manuels scolaires incluant la question des genres?
Toutes les polémiques suscitées par les opposants à ces manuels ont été excessives. Il est important que ces questions soient posées d’une manière dépassionnée, et d'éviter l’idéologie dans un sens ou dans l’autre. Il y a eu des excès des deux côtés. Je crois qu’il faut s’engager dans les vraies batailles: c’est lutter contre les discriminations, c’est montrer que chacun est libre de vivre sa vie dans le respect de l’autre. Je suis pour l’égalité des droits, des devoirs, sans tomber non plus dans un militantisme que je trouve parfois excessif et qui peut se retourner contre la tolérance. On fait de tous ces sujets des polémiques artificielles avant les élections, à des fins électoralistes. Si vous n’êtes pas pour l’adoption et le mariage, vous êtes un méchant réactionnaire, si vous êtes pour que l’Éducation nationale présente les choses intelligemment, vous êtes pour la destruction de la famille. Et c’est vrai que je me refuse d’entrer dans l’un des clans. Sur ces sujets, je préfère les positions équilibrées.
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